Philippe LOZE auteur-photographe

 

Publications et presse

2020 Idées vagues Gratot, France 

2020 Trésors d'ici Percy en Normandie, France 

 

Expositions solo

2020 Salon des étalons trotteurs Saint lô, France

2020 Trésors d'ici Percy en Normandie, France

2019 Chevaux Haras du pin, France

 

Expositions collectives

2021 Zone of immatérial sensitivity Venise, Italie

2020 Idées vagues Gratot, France

2019 Les arts de Daye Saint Jean de Daye, France

 

 

Du Kyudo dans la photo

 

Le Kyudo, serait-il une sorte de bokeh, un nouvel objectif, un nouvel appareil plus ou moins hybride ?

 Non, rien de tout ça, quoi que … 

Le Kyudo c’est l’art japonnais du tir à l’arc.

Quel est le rapport entre la photographie et le Kyudo ?

En premier lieu, il a la forme d’une matriochka (poupée russe) littéraire.

Le photographe que je suis, passe beaucoup de temps le nez dans les livres sur la photo.

C’est un très bon moyen de construire ma culture, je n’ai pas forcément la possibilité de parcourir les expositions.

Le livre est un formidable outil pour « voir » le travail des grands, des maîtres, des autres.

L’œil s’éduque, comme le palais de l’œnologue.

Mon « référentiel » en la matière, c’est https://thomashammoudi.com/.

Thomas, c’est un peu mon GPS lecture. En plus d’être un bon photographe, il a une approche très culturelle de cet art.

J’ai acheté, sur ces conseils, un petit bouquin qui s’appelle « petite philosophie pratique de la prise de vue photographique »( JC Bechet/ P Krasprzak).

 Et dans celui-ci, j’ai trouvé mention d’un autre. (d’où le concept de matriochka) « le zen dans l’art chevaleresque du tir a l’arc » ( E Herrigel)

Rien à voir avec la photographie, me direz-vous, certes. 

Mais, il y a toujours un mais, c’était le livre de chevet de Cartier-Bresson, qui lui a un lien avec la prise d’image.

L’intérêt que lui portait le grand-maître s’ajoutant a une vielle attirance personnelle pour cette discipline, je me suis empressé de le lire.

C’est le récit très philosophique, d’un philosophe (normal) allemand, qui profitât d’un séjour de quatre ans au Japon pour s’initier à cet art, dans les années cinquante.

À titre personnel, j’ai une fascination pour la manière dont les Japonais font les choses. Leur approche de l’excellence dans tout, dans le moindre geste, le plus petit détail.

Tout ce dont j’aimerais être capable…

Le kyudo, est une « chorégraphie » dont les acteurs sont : l’humain, l’arc, la flèche, la cible.

Ils font un tout, en pleine conscience, dans l’instant présent.

Pratique quasi méditative, basée sur la respiration.

De la qualité de leur relation va naître le geste parfait, l’harmonie. Tous ces éléments doivent faire « un ».

Que la flèche atteigne la cible, n’est pas l’objectif principal, dans la pratique contemporaine.

À aucun moment, l’humain la vise, il en a « simplement » l’intention.

Ce qui importe, c’est que le geste soit parfait, que l’archer ait une position juste, une gestuelle idéale au moment ou il bande son arc, la corde un son pur au moment ou elle est lâchée.

 Et surtout, que l’archer soit presque « surpris » par le décochage de la flèche.

Toute une chorégraphie entoure ce moment. 

Il y a l’avant, la « danse », la manière dont on va prendre place sur le pas de tir. Il y a l’après, la manière dont on termine la cérémonie.

Ok c'est bien beau, mais quid de la photo ?

On peut transposer ce dernier paragraphe dans le monde de la prise de vue.

Imaginez un triptyque : le photographe, l’appareil, le sujet.

Il y a l’avant… Il voit la scène, le cadrage qu’il veut faire, l’image.

Il met son appareil devant son visage.

La pleine conscience de l’instant présent…

Il stabilise sa respiration.

 L’œil dans le viseur, ici et maintenant, il n’y a rien d’autre.

Il fait sa mise au point.

Le geste doit être parfait, comme la position du photographe, assis, debout, couché.

Son intention est d’enregistrer sur sa pellicule ce qu’il voit, peut-être y aura-t-il autre chose, un mouvement, un imprévu, peu importe.

Le doigt appuie sur le déclencheur « presque » par surprise, tant il tend vers son sujet.

La photo est prise.

Il y a l’après, le photographe reprends sa respiration, se retire, laissant la scène suivre le court de sa vie, il n’en aura prélevé qu’une fraction de seconde.

Peut-être pense-t-il a la photo suivante, ou pas…

Sans doute, prend-il un peu de temps pour regarder « de visu », sans son outil, pour simplement profiter du moment présent.


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Je fais de la photographie d’auteur et que ce n’est pas confortable.

 

Hier, une personne, une quelqu’une, est passée à la maison.

À un moment de la conversation, on a parlé photo, elle a regardé des tirages de mes images.

Sa première remarque a été de me dire que l’« on » n’avait pas l’habitude de voir ce type de photo.

La seconde a été de me dire que ça ne devait pas être facile à vendre parce que ça ne plaisait pas à tout le monde.

Je ne me  souviens plus exactement de sa phrase, mais c’était l’idée, ou tout du moins ce que j’en ai retenu.

Là, mon « putain » d’ego, est sorti de sa boite tel un pantin gesticulant sur son ressort. Je ne l’ai pas vu arriver.

Je lui ai répondu que ça n’avait pas d’importance (ce qui est substantiellement faut.) , que je faisais des propositions et que les gens étaient libre d’apprécier ou pas (ce qui est intrinsèquement vrai).

La conversation s’est continuée de manière courtoise. J'irai faire des photos lors d’une prochaine manifestation qu’elle organise. Elle m’a même proposé un stand d’exposition lors d’une autre manifestation estivale. Alors de quoi tu te plains Loze !!! 

Ben, de moi, de ma réaction épidermique a la con. En fait, je me suis déçu.

Je fais de la photographie d’auteur.

Ce n’est pas la première fois que je montre mon travail. 

À chaque fois, je dois faire face a des remarques de ce genre.

À chaque fois je dois justifier le pourquoi du comment, je fais les choses. Ce n’est pas anodin d’exposer son travail, a fortiori lorsqu’il sort du cadre.

Je ne suis pas encore très confortable avec mon choix « artistique ».

Et en plus, je n’ai pas envie de palabrer, d’expliquer, d’argumenter. Je laisse l’autre libre de ces ressentis, quels qu’ils soient. J'attends en retour la même liberté. A priori, je me plante…. Je fais les images que j’ai envie de faire, pas celles dont le public a l’habitude ou s’attend à voir. 

Les chemins de traverses sont bien moins confortables que les autoroutes, mais j’ai choisi de les parcourir.

C’est quoi, en photographie, les voie express ?

Ce sont toutes ces images bien belles, bien nettes, bien « likées ».

Attention, ce n’est pas un jugement de valeur, ce n’est même pas un jugement du tout.

J’ai un total respect pour tous mes collègues qui font ces très belles images.

J’en apprécie bien souvent la qualité.

De plus, j’aime bien les « like », ils apportent ma dose quotidienne de sérotonine. J'ai commencé par les autoroutes, comme tout le monde.

Cependant, voilà, je me lasse très vite.

Au bout du centième couché de soleil, j’avais l’impression d’avoir fait le tour de la question et de tourner en rond.

Après le millième cheval sautant une barre, idem. J’aime essayer des choses différentes et surtout prendre du plaisir à faire, à chercher à tutoyer mes limites techniques et esthétiques, quitte à ne pas y arriver.

Par exemple, dans la série « retour de Coutances » j’ai pris des photos derrière un pare-brise sale dans une voiture roulant au moins a 80 km/h secoué des routes de campagne le tout en pose « longue ».

Le résultat est intéressant et je me suis beaucoup amusé.

Lors d’une discussion entre photographes, j’ai échangé mon point de vue avec l’un d’eux.

Il fait de superbes photos de paysages maritimes. À ma théorie sur les couchers de soleil, il répondait qu’à chaque fois les choses étaient différentes et que le spectacle de la nature ne le lassait jamais.

Réflexion… 

J’ai décidé de libérer mes images, aller de ce qu’elles « se devaient d’être » pour tendre vers ce qu’elles « pouvaient être » et surtout, ce que j’avais envie « quelles soient ».

Cette phrase, je l’ai gravé sur le fronton de mon site et je la récite un peu comme un mantra. Respecter et assumer ce choix ne sont pas toujours choses aisées.Art : définition Larousse Création d’objets ou de mises en scène spécifiques destinées à produire chez l’homme un état particulier de sensibilité, plus ou moins lié au plaisir esthétique.

Alors oui, je fais des photos d’auteur.

Des photos « artistiques » sans doute avec un « a » encore minuscule.

Et ce n’est pas toujours facile à assumer. 

Pas simple d’assumer les moues et les indifférences.

Dix compliments et un reproche, c’est ce dernier que l’on retient.

Je n’imaginais pas qu’en faisant « clic clac kodak » se pointeraient des questions existentielles.

Qu’il y avait une dimension « développement personnel » dans cette activité.

Je pensais y être peinard…

C’est raté.

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Je fais des photos de chevaux de courses.

 

Il était une fois , un petit garçon qui vivait dans une petite ville du Béarn. 

Ce petit garçon avait un grand-père.

 Entre eux, pas vraiment de complicité, sans doute, un peu de crainte, l'homme n'était pas d'un abord très facile pour un jeune enfant.

 Mon grand-père était médecin de campagne, comme on en faisait autrefois, de ceux qui s'en allait a n'importe qu'elle heure du jour et de la nuit pour se rendre auprès de ces malades.

 Il avait une passion, un vice : le turf.

 

 C'était un joueur acharné. Pas une journée ne commençait sans qu'il fasse ses jeux, qu'il ne poinçonne ces tickets. 

Tous les après-midi, alors qu'il était en visite chez ces patients, sa femme écoutait les résultats des courses à la radio et les notait religieusement.

 Dès son retour, il s’empressait de les consulter. Il s'en suivait, principalement des moues, des "presque" des "j'en ai deux" et de temps en temps un "Je l'ai" tonitruant, le saint Graal, enfin, atteins .

 Le mercredi soir, c'était la piste aux étoiles à la télé et les jeudis, jour de repos des écoliers à cette époque lointaine, il sortait la Renault 10 du dimanche et nous allions à Pau, au PMU.

 Là, il compulsait la presse spécialisée, analysait, supputait et enfin pronostiquait. Moi, je savourai mon traditionnel jus d'abricot.

 Les dimanches de courses, nous allions à l'hippodrome voir les galopeurs. 

Je garde en mémoire le son des sabots sur l'herbe, le souffle puissant des pur-sangs et les couleurs chamarrées des casaques.

 

 Les dimanches sans courses, la vie s’arrêtait net à 15 h 00 pour la diffusion de la grande messe dominicale : le tiercé, commenté par Léon Zitrone. Ainsi furent rythmées mes premières années. 

Mon grand-père est parti laissant derrière lui une terre émotionnelle en friche, de profondes blessures. 

Je l'ai pardonné, sans doute, ne savait-il pas. C'était un autre temps...

 Petit, j'ai rêvé d'être jockey. 

La génétique et sa conséquence d'un mètre quatre-vingt-cinq m'ont privé de cette voie, a trente-cinq centimètres prés. 

Bien des années plus tard, je me suis retrouvé lié par une longe a une trotteuse qui avait eu l'idée saugrenue de ne pas vouloir de sulky aux fesses .

 

Je regardais Laurent, l’ancien entraîneur de Jo, travailler ses chevaux et nous visionnions ses courses en vidéo.

 J'avais remis un orteil dans la porte et le goût de la madeleine aux abricots m'est remonté aux lèvres.

 J'ai sus trop tard que ma jument rebelle aurai pu me faire un petit trotou... Fille de champion, elle en avait le droit.

 Les années ont continué à s'écouler. 

C'est étrange cette propension qu'à le temps a ne jamais s’arrêter.

 Changement de vie, de décors, d'amis.

 Certains parmi ces nouveaux arrivés dans mon existence, étaient dans le milieu des courses, éleveurs, entraîneurs , rêveurs.

 Un beau dimanche d'été, je me suis retrouvé sur l’hippodrome de Bréhal, un appareil photo à la main. 

 

Et là, tout m'est revenu : mon grand-père, le turf, l'abricot, le bruit des sabots, les souffles des chevaux, la couleur des casaques.

 J'ai pris mes premières photos, j'entrai enfin dans la course. 

Je ne me souviens pas avoir joué une seule fois, parié sur un seul cheval et je n'en ai pas  envie. 

Je connais parfaitement toutes les zones d'ombres qui pèsent sur ce milieu. Là où règne l'argent, l'humain peut perdre son humanité. 

Mais j'ai rencontré tellement de gens bien qui ont mis le cheval au centre de leur vie. 

Lorsque je suis sur le bord de la piste, je redeviens ce môme du sud de la France les yeux remplis d'images et de rêves.

 Grâce à la photo, je peux être au plus prés, capter ces instants et exprimer ma vision et mon admiration pour le cheval.

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Je fais des photos de chevaux

 

Il était une fois la rencontre entre un homme et un cheval. 

Par une belle journée de novembre je me suis retrouvé relié par une longe à une jeune trotteuse promise à l’abattoir.

Nous avions pris la décision familiale et totalement inconsciente de la « sauver ». 

Elle sortait de l’entrainement, pleine de vigueur du haut de ses deux ans, et moi je n’y connaissait rien.

Je ne savais même pas faire la distinction entre la paille et le foin.

Heureusement pour moi, elle était « facile » et très très gentille.

Elle était destinée à passer sa vie à brouter, je n’attendais rien d’elle. 

Au printemps suivant, drôle d’idée, j’ai mis une selle sur son dos et elle n’a pas bougé.

Je suis monté dessus, elle m’a accepté.

Je n’y connaissait pas grand chose donc  j’ai serré les jambes (et les fesses)

.Elle s’est mise à marcher, puis trotter et puis…Rapidement nous avons parcouru ensemble les « chasses » du secteur a plein galop et nous adorions ça.

C’était il y a plus de vingt ans.Jo (Joliesse de Thoury) est toujours avec moi et profite d’une retraite heureuse.

Et j’espère que ça durera encore très longtemps.

En vingt ans il se passe pas mal de choses.

Jo a été ma première jument.

Quelques années plus tard, mon écurie se composait d’une vingtaine de chevaux.

J’étais devenu éleveur, un peu comme on met un doigt dans un engrenage qui finit par vous avaler tout cru.J’ai commis énormément d’erreurs, conséquences des apprentissages en autodidacte.

Mais j’ai beaucoup appris ( élevage, poulinage, le travail de la terre..)

 Il y a eu de belles choses:Les balades avec mes filles…Et une réussite, le rêve de tout naisseur : Volcane des LOZES, sous la selle d’Ines QENTREC Je n’y suis pour rien, ci ce n’est de l’avoir fait naître…Il y eu de moins belles choses 

.Donc tout c’est arrêté de façon très peu sympathique et j’en prends ma part de responsabilité. 

La vie continue.

Différente, construite à l’aulne des erreurs passées. 

 Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre avec nos chevaux qui broutent sous la fenêtre.Elles sont là, tout à côté lorsque je travaille mes photos.Je ne connais rien de plus apaisant que de regarder des chevaux pâturer…Mon travail, ma passion , l’activité dans laquelle je m’exprime et je m’épanouis c’est la photographie.

Elle s’associe très facilement à l’autre passion de ma vie, les chevaux.

C’est la raison pour laquelle je fais (entre autre) des photos de chevaux .